La santé mentale des enfants

Les parents comme les professionnels de l'éducation peuvent favoriser le bien-être des enfants. Par exemple en les aidant à comprendre leurs émotions.

Ce qui favorise le bien-être des enfants

Les enfants ont des besoins spécifiques à leur âge. En effet, ils ne sont pas des adultes en miniature. On peut contribuer à leur santé mentale en s’informant sur le fonctionnement propre à cette période de la vie et en prêtant attention à leurs réactions. Il sera question, ici, des enfants de 6 à 12 ans. 

De façon générale, on peut contribuer à une santé mentale satisfaisante chez un enfant en lui permettant de développer une estime de soi, de bénéficier d’un sentiment de sécurité, d’être en relation avec les autres ou encore d’évoluer dans un environnement respectueux des droits des enfants.

L’enfant peut aussi développer, au fil du temps, des compétences utiles pour sa santé mentale. Ainsi, il ou elle peut apprendre à identifier, comprendre et faire face à ses émotions. Oser parler de ce que l’on ressent permet d’alerter les adultes et de trouver de l’aide lorsque l’on se sent mal.

Les parents peuvent agir, les professionnels de l’éducation aussi

De nombreuses personnes sont susceptibles de contribuer à la santé mentale d’un enfant. Tous les adultes qui participent à son éducation peuvent agir, à la maison comme à l’école. Les parents et la famille sont les premiers concernés. 

Les enseignants, les animateurs et les autres professionnels et professionnelles de l’éducation ont aussi leur rôle à jouer. D’ailleurs, la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République, adoptée en 2013, indique que “les actions de promotion de la santé des élèves font partie des missions de l’éducation nationale”.

Quelques idées reçues sur la santé mentale des enfants

« Un enfant émotif et anxieux a un problème psy »

EN FAIT : Toute manifestation d’anxiété n’est pas pathologique. Il faut être vigilant quand l’anxiété dépasse les capacités de l’enfant à y faire face. Entourage, équipe enseignante ou éducative, médecin traitant, pédiatre, orthophoniste, peuvent repérer, accompagner et soutenir un enfant en difficulté psychique.

« La plupart des élèves se sentent bien à l’école »

EN FAIT : Seulement 30% des collégiens se disent satisfaits de leur vie scolaire.

Quelles compétences développer chez un enfant

Durant l’enfance, la personne construit son identité. Elle développe aussi, au fil du temps, les compétences qui lui seront nécessaires, une fois adulte, pour maintenir un état de bien-être mental. On désigne ces aptitudes sous le nom de compétences psychosociales. 

Comment l'OMS voit les compétences psychosocialesLes compétences psychosociales sont la capacité d’une personne à répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). C’est l’aptitude d’une personne à maintenir un état de bien-être mental, en adoptant un comportement approprié et positif à l’occasion des relations entretenues avec les autres, sa propre culture et son environnement.

L’enfant peut acquérir puis exercer ses compétences psychosociales dans trois grands domaines, décrits par l’Organisation mondiale de la santé (OMS, 2003). 

Dans ses relations aux autres

Les principales compétences sociales sont les suivantes : 

  • Communication, notamment au niveau de l’expression et de l’écoute
  • Résistance à la pression, notamment affirmation de soi, négociation, gestion des conflits
  • Empathie, ou capacité à comprendre les besoins et le point de vue d’autrui
  • Coopération et collaboration en groupe
  • Plaidoyer, notamment persuasion, influence.

Dans sa capacité à réfléchir

Les principales compétences cognitives sont les suivantes : 

  • Prise de décision, résolution de problème
  • Pensée critique et auto-évaluation, c’est à dire la capacité à mesurer l’influence de ses propres croyances et de celles des autres 

Dans la gestion de ses émotions

Les principales compétences émotionnelles sont les suivantes : 

  • Régulation émotionnelle, notamment de la colère ou de l’anxiété
  • Gestion du stress, à travers la gestion du temps, la pensée positive, la relaxation
  • Confiance en soi et estime de soi.
 

Les signes auxquels prêter attention

L’enfant peut, comme l’adulte, éprouver un mal-être passager. Dans certains cas, cet état peut durer et devenir plus intense. Il peut aussi évoluer vers un trouble psychique. Il est important de rappeler que de nombreux troubles peuvent s’améliorer rapidement s’ils sont repérés suffisamment tôt.

Grâce à une prise en charge précoce, on peut de toute façon limiter de manière importante leur retentissement, comme le montre le rapport d’information sur la Situation de la psychiatrie des mineurs en France, remis en 2017 par le sénateur Michel Amiel. 

Lorsqu’un mal-être s’installe chez un enfant, plusieurs aspects de sa vie peuvent être perturbés : les relations aux autres, l’estime de soi, le sommeil, l’alimentation, le niveau de stress, les résultats scolaires, l’implication et la motivation dans les activités quotidiennes. 

Ce sont autant de domaines auxquels prêter attention pour identifier un problème nécessitant de l’aide. Les signes mentionnés plus bas sont ceux qui peuvent alerter. Ils sont décrits en détail dans le Guide de repérage publié en 2013 par le ministère de la Santé, Souffrances psychiques et troubles du développement chez l’enfant et l’adolescent

L’anxiété

Les enfants sont fréquemment anxieux. Il peut s’agir d’un moment transitoire, lié par exemple aux apprentissages scolaires. Une manifestation d’anxiété en soi n’est pas forcément pathologique. Les adultes qui entourent l’enfant doivent s’interroger sur l’importance des signes et leur durée, pour évaluer s’il faut lui apporter une aide.

La fatigue, les maux de toutes sortes

Lorsqu’un enfant manque d’énergie ou s’endort en classe, il ou elle peut se dire « fatigué », sans plus d’explications. Cet état peut être passager, lié à un changement dans ses horaires de coucher ou un excès de sport. Mais une attention particulière doit être portée à un enfant qui se plaint de façon régulière et répétitive de fatigue ou bien de maux divers.

En effet, se plaindre souvent de crampes et de courbatures, ou encore de migraines, de brûlures d’estomac, de problèmes de transit intestinal, cela peut être l’expression d’une fatigue plus générale. Ces maux peuvent s’accompagner d’irritabilité, d’une perte de motivation et de désir (apathie) ou à l’opposé, de surexcitation avec un repli sur soi.

De telles plaintes doivent conduire à se questionner sur un éventuel mal-être. Il est utile d’observer si, par ailleurs, les résultats scolaires de l’enfant sont en baisse. On regardera aussi s’il ou elle présente des manifestations physiques comme un amaigrissement, une pâleur ou des tics, ou encore des troubles du sommeil comme une difficulté à s’endormir, des réveils nocturnes, des insomnies ou des cauchemars.

Les absences à l’école

A l’école primaire, les absences fréquentes d’un enfant sont préoccupantes, d’autant plus si elles sont mal ou non justifiées. Cette conduite fait partie des problèmes “silencieux ” qui causent peu de dérangement aux professionnels de l’éducation. Ceux-ci doivent cependant les alerter autant que des problèmes plus “bruyants”. La situation motive une analyse plus approfondie du contexte et des éventuels signes associés à l’absentéisme.

Les difficultés dans les apprentissages scolaires

L’école permet à tous les enfants d’accéder à un socle commun de connaissances : lire, écrire, compter. Ces acquisitions peuvent mettre un enfant en difficulté pour des raisons bien différentes. En effet, l’enfant en situation d’apprentissage doit à la fois
mobiliser ses capacités de raisonnement et sa curiosité, accepter de ne pas savoir, de se tromper et de recommencer.

Si les difficultés persistent, l’enfant doit pouvoir bénéficier d’une évaluation de sa situation. Elles peuvent être révélatrices d’un mal-être, s’expliquer par d’éventuels troubles “dys”, comme la dyslexie ou la dysorthographie, ou encore un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), caractérisé par des difficultés à se concentrer. A l’école, des aménagements spécifiques pourront aider l’enfant. 

La tristesse

Chez l’enfant, la tristesse est difficile à repérer car son expression peut prendre des formes très différentes. L’enfant peut être en retrait, s’isoler ou avoir peur. À l’inverse, sa tristesse peut se manifester par de l’agitation, de l’agressivité, voire l’hyperactivité ou de la provocation. Il existe des troubles dépressifs de l’enfant dont le retentissement peut être majeur. Aussi il est bon de prêter attention aux signes qui pourraient révéler une tristesse. 

L’isolement

Une attitude de retrait de l’enfant, qui compromet ses relations aux autres, doit alerter. Cela peut aller jusqu’à l’évitement social et/ou le mutisme, consistant à ne plus parler du tout. Un enfant timide, triste, anxieux, peut avoir des conduites d’isolement. Cette attitude fait partie des problèmes « silencieux » qui doivent alerter autant que des problèmes plus « bruyants », car ils peuvent être signe de mal-être.

L’agressivité

Les comportements dits perturbateurs, fréquents chez les enfants, peuvent révéler une souffrance psychique. Toutefois, l’agressivité n’est pas nécessairement  pathologique.